Agir pour une robotique sociale au service de l’humain et de la planète, c’est la vocation de la chaire industrielle d’excellence “Robo’ethics”, lancée par la Fon­dation Grenoble INP avec Grenoble INP – Ensimag, le Laboratoire d’Informatique de Grenoble (LIG), qui ont proposé comme porteur Ramesh Caussy, CIO de la société Partnering Robotics, inventeur de produits technologiques, “idéaliste sur les bords” dont le rêve était de développer un outil bienfaisant au service du bien-être des gens et de la planète. La PME a mis au point Diya One, un robot de service non humanoïde purificateur d’air qui aide en outre à réduire les factures énergétiques. Mais cela ne suffisait pas : l’entrepreneur souhaitait aller plus loin dans l’aide apportée aux per­sonnes. “On s’est rendu compte que les gens avaient naturellement envie d’interagir avec le robot, ce qui nous a poussé à nous rapprocher du LIG pour le doter d’un vrai rôle social […] Le robot complice a une réelle utilité s’il est bien conçu, surtout auprès des personnes en rupture de lien social : enfants hospitalisés, personnes âgées isolées, autistes…“. C’est précisément pour ces personnes en situation fragile (handicapés, âgés, enfants malades) que le LIG développe depuis quelques années déjà des prototypes d’intelligence sociales « Social Touch », par des expérimentations sur le terrain avec et autour des usagers qui ont ainsi le contrôle de l’éthique. Par ce lien Diya One va également entrer dans ces méthodes d’expérience real life et se transformer, en collaboration avec le LIG, pour devenir socialement utile. L’entrepreneur (également chercheur associé au LIG-GETALP/PRIMA) insiste d’ailleurs sur l’importance de placer la réflexion éthique au centre des démarches d’innovation. “Il n’est pas question de développer n’importe quel type de robot, de prendre la place des gens ou de leur faire peur, précise-t-il. Les partenaires de la nouvelle chaire industrielle, tous sensibilisés à cette démarche, veilleront à ce que les travaux financés soient, comme les deux thèses déjà lancées par Partnering Robotics et le LIG en expérimentation dans des EPAHD, à visée altruiste“. En attendant, les étudiants qui le souhaitent peuvent venir découvrir RobAir Social Touch au sein du FabLab de Grenoble INP – Ensimag et Domus pour laisser libre cours à leur créativité, et pourquoi ne pas, enrichir la plateforme existante de nouvelles fonc­tionnalités et de nouveaux services.

Que gagne-t-on à faire de l’éthique quand on fait de la robotique ?
Véronique Aubergé, chercheuse au LIG (Laboratoire d’Informatique de Grenoble) : « La robotique offre une multiplicité d’usages, encore pour beaucoup imprévisibles. Ainsi, on ne pourra la plupart du temps pas éviter qu’un robot de service soit socialisé par ses utilisateurs. Comment peut-on en comprendre et contrôler les effets et conséquences qui peuvent remettre en question les normes juridiques admises et doivent provoquer des questionnements moraux ou éthiques ? Autant de questions qu’il est nécessaire de se poser dès les phases précoces de co-conception du robot.

Si la science pluri-disciplinaire a un rôle majeur à jouer dans ce domaine, elle ne doit pas se substituer à la société civile : l’éthique relève de la responsabilité de chacun ! Aussi avons-nous développé des méthodologies centrées sur l’humain, qui placent le citoyen au cœur de la démarche aux côtés des scientifiques et des industriels. C’est le cas par exemple avec les plateformes expérimentales et écologiques du LIG : le Living Lab Domus et le Fab Lab fabMSTIC (plateforme robotique RobAir Social Touch), dirigé par Jérôme Maisonnasse. »

 

En tant qu’industriel, qu’attendez-vous de vos partenaires au sein de la chaire ?
Ramesh Caussy, fondateur de Partnering Robotics et titulaire de la chaire Robot’ethics :
« Avant de fonder Partnering Robotics, j’ai travaillé dans des grands groupes, dans des secteurs très porteurs en terme d’innovation. Pour réaliser mon rêve – créer un robot – je souhaitais m’entourer de talents d’horizons variés, hommes et femmes ayant un système de pensée différent, qui ne soit pas bridé par des expériences passées. Très vite, je me suis rendu compte que les utilisateurs de Diya One, notre robot purificateur, avaient naturellement envie d’interagir avec lui. Cela nous a poussés à l’enrichir de capacités d’interaction de base, et a fait naître le besoin de le doter d’un vrai rôle social. Je me suis alors rapproché du LIG pour développer une robotique conforme à mes aspirations, c’est-à-dire centrée sur l’humain. On se fonde pour cela sur des méthodologies qui rendent réalisables les idées techniques, tout en faisant participer activement la société, la recherche et l’industrie afin de préparer ensemble notre société à accueillir demain les robots de services et d’accompagnement de l’humain. »

 

Quels liens la chaire entretient-elle avec la formation ?
Patrick Reignier, professeur à Grenoble INP – Ensimag et chercheur au LIG : « Pour la première fois, des cours communs en robotique sociale sont proposés aux étudiants du Master 2 ‘Industries de la Langue’ de l’UGA – UFR LLASIC – et de la troisième année de l’Ensimag. Ces cours, en partie assurés par une équipe inter-disciplinaire qui intègre le titulaire de la chaire Robo’ethics, sont pour nos étudiants l’occasion de se confronter aux problématiques réelles de l’écologie des usages ainsi que de l’industrialisation. Car la technologie ne suffit pas : pour développer un produit commercialisable, il faut impérativement avoir une vision transdisciplinaire, associant sciences humaines et sciences de l’ingénieur. Une bonne idée doit être socialement acceptable et socialement acceptée pour pouvoir être industrialisée. La coopération de personnes d’horizons différents est une expérience nécessaire et très enrichissante. »

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