Catherine Picart, professeur à Grenoble INP – Phelma et chercheuse au laboratoire des matériaux et du génie des procédés (LMGP) en ingénierie tissulaire et biophysique cellulaire, vient d’être nominée comme membre senior au sein de la 26ème promotion de l’Institut Universitaire de France (IUF), au terme d’une sélection particulièrement rigoureuse.
Après avoir été nommée membre junior de l’IUF en 2007, Catherine Picart a été distinguée par le European Research Council (ERC), dans la catégorie « Jeune Chercheur » en 2010, pour un « projet interdisciplinaire à la frontière de la connaissance ». Cette distinction prestigieuse, la première à Grenoble INP, lui a permis d’obtenir des moyens matériels et humains significatifs pour mener son projet d’élaboration des matériaux avancés dit « biomimétiques ». La nouvelle distinction de l’IUF récompense la qualité scientifique de son activité universitaire et vise à lui apporter un soutien supplémentaire en termes de ressources et de temps qu’elle mettra à profit pour poursuivre ses travaux, et ainsi jouer un rôle majeur dans la recherche pluridisciplinaire grenobloise pour l’ingénierie biomédicale et d’une manière plus générale, dans l’interface physique-sciences du vivant.
La passion de l’ingénierie tissulaire
Après une formation initiale en physique des matériaux, Catherine Picart s’est rapidement intéressée aux matériaux biologiques (cellules, biopolymères) pour progressivement se concentrer sur les sciences de l’ingénierie, les matériaux et la biologie. Avec son équipe, elle travaille notamment sur les matériaux biomimétiques, qui miment les tissus biologiques, tels des films minces et des membranes dont elle contrôle les propriétés topographiques, mécaniques et biochimiques. Il est en effet maintenant largement reconnu, y compris par la communauté des biologistes, que l’environnement physique des cellules joue un rôle primordial dans le développement des tissus biologiques, ainsi que dans leur régénération. Les travaux de l’équipe ont déjà porté leurs premiers fruits. Les chercheurs ont notamment réussi à orienter la différenciation de myoblastes pluripotents, c’est-à-dire ayant la capacité à devenir des cellules musculaires ou des cellules osseuses (ostéoblastes) en fonction des stimuli qu’ils reçoivent.
« Au niveau valorisation, les matériaux bioactifs sont idéalement taillés pour un transfert relativement rapide (à l’échelle des biosciences) vers les applications cliniques, souligne Franz Bruckert, directeur du LMGP. En effet, ces matériaux implantables sont infiniment plus simples que les solutions thérapeutiques basées sur les cellules souches. Des études précliniques ultra-concluantes ont été faites, des chirurgiens sont prêts à transférer ce nouveau savoir grenoblois en applications réelles, pour des pathologies lourdes liées à des traumatismes ou des tumeurs. Un projet d’entreprise (APIOS) est en phase de maturation à la SATT Linksium. Sa réussite permettra de positionner Grenoble INP comme un acteur fort de ce domaine, prélude à de nouveaux développements. »
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